Il est apparemment facile de répondre à cette question, surtout pour un libertaire. Pourtant elle est plus subtile qu’il y paraît et mérite d’être approfondie à la lumière des connaissances nouvelles. Longtemps l’homme – surtout de gauche – a été considéré comme un être purement culturel chez lequel l’éducation et l’acquis sont seuls à intervenir. Il est pourtant impossible de nier que certains traits sont héréditaires. Un bébé n’apprend pas à téter et un anarchiste comme le linguiste Noam Chomsky défend depuis un demi-siècle la thèse que le langage repose sur une grammaire innée.
Le monde vivant est de moins en moins partagé entre animaux instinctifs et hommes intelligents comme l’affirmait Descartes. Les éthologistes ont montré depuis les années 70 que la plupart des vertébrés possèdent des cultures, sans doute moins complexes que les nôtres mais indéniables. Même la morale qui paraissait le propre de l’homme a été retrouvée chez bien des animaux qui pratiquent non seulement la compétition darwinienne mais la coopération, comme l’a exposé pour la première fois Kropotkine dans L’entraide. L’homme serait-il à la fois libre et programmé ?